

Groupe d'Etudes Politiques sur l'Afrique du Nord Contomporaine
La crise de la géopolitique des frontières au Maghreb Arabe : Le cas des frontières entre le Maroc et l’Algérie
Moulay Rachid MRANI
Institut d’Études Politiques de Toulouse, France
Département des sciences religieuses de l’UQÀM, Canada
Président du Groupe d’Étude Politique sur l’Afrique Contemporaine (GEPANC)
Publié le 02 avril 2016
Plan
Introduction
Les frontières maroco-algériennes et la fermeture des portes de dialogue politique
La crise des frontières, une crise politique aux conséquences économiques désastreuses
Le conflit frontalier et les souffrances des familles de la région
Conclusion
Texte intégral
Introduction
L’avenir de la région du Maghreb dépend en grande partie des relations politiques et économiques entre le Maroc et l’Algérie. Ces deux pays voisins qui partagent énormément de choses, s’inscrivent aujourd’hui dans une perspective de divorce et de séparation de plus en plus profonde. À la différence des populations de ces deux pays, les régimes politiques expriment une grande difficulté à s’entendre et à trouver des consensus raisonnables à même de mettre fin aux différends qui les séparent depuis l’indépendance. L’expression la plus évidente de ce schisme flottant est la fermeture des frontières entre les deux voisins depuis plus de 20 ans. Avec environ 1560 km, il s’agit de la plus longue frontière terrestre fermée au monde qui sépare plusieurs milliers de familles pour qui les frontières ne représentaient qu’une distorsion de la réalité vécue dans cette région depuis plusieurs siècles. Ces frontières mises en place par le colonisateur ont eu un impact négatif majeur aussi bien sur les politiques et les économies que sur leurs populations de la région. Située à mi-chemin entre les crises à forte intensité conflictuelle et les crises à faible intensité, la question des frontières fermées entre le Maroc et l’Algérie représente de considérables pertes à tous les niveaux. Les rivalités gouvernementales rendent les relations de plus en plus distantes et imposent aux populations un divorce qu’ils n’ont jamais consenti, et à cause duquel ils sont en train de vivre une crise humanitaire économique et sociale. Pour mieux appréhender ce conflit entre le Maroc et l’Algérie, cette recherche tentera de répondre aux questions suivantes : Quelles sont les raisons de la fermeture de la frontière entre le Maroc et l’Algérie ? Comment cette fermeture affecte t-elle la politique, l’économie et la vie des populations des deux pays ?
Le conflit frontalier entre le Maroc et l’Algérie remonte à l’époque de la colonisation française qui, selon le Maroc, avant de quitter les deux pays, a retracé les frontières entre les deux voisins sans revenir aux anciennes limites qui organisaient la région. Le Maroc estime que cette nouvelle définition des frontières le prive de certains de ses territoires comme Bachar et Al-hassi lbeyed. Du côté algérien, le régime a refusé toute modification des frontières établies par les Français et voit les réclamations de Rabat comme une atteinte à sa souveraineté. La crise s’est aggravée en octobre 1963 lorsque le conflit s’est transformé en affrontement armé dans les régions de Tindouf Fkik et Hassi lbeyed. Cette guerre, appelée la guerre des sables, a duré 5 mois avant de s’éteindre grâce à plusieurs interventions des pays arabes et africains. Après 8 ans de négociations, les deux antagonistes signèrent une convention établissant les frontières en 1972 entre Hassan 2 et Boumediene. Certes cette convention a mis fin à la guerre mais elle n’a pas réussi à rapprocher les deux points de vue, ni à empêcher le climat de guerre froide installé, jusqu’à nos jours, entre Rabat et Alger à cause de la question du Sahara.
Le soutien financier et militaire du régime algérien au mouvement du Polisario créé en 1973, qui revendique l’indépendance du Sahara du reste du Maroc et qui mène la guerre contre l’armée marocaine, est considéré par le Royaume comme une ingérence dans ses affaires intérieures, et une violation de sa souveraineté. De son côté, Alger affirme que son soutien à se mouvement indépendantiste s’inscrit dans le cadre de l’appui du peuple sahraoui dans son combat pour la liberté et l’indépendance. Malgré quelques améliorations dans les relations entre les deux pays, notamment après la rencontre des cinq pays du Maghreb en Algérie et la présence du Roi Hassan 2 en 1988, puis par la création de l’Union du Maghreb Arabe à Marrakech en 1989, la crise du Sahara n’a cessé de fragiliser les rapports diplomatiques des deux pays. Ce rapprochement très prudent s’est effondré à sa première épreuve en 1994, date de l’attentat de Marrakech. L’imposition de visa aux algériens par les autorités marocaines s’est traduite, du côté algérien par la fermeture des frontières. Cet événement marqua le début d’un nouvel et long épisode dans vie politique et diplomatique des deux pays caractérisé la méfiance, les échanges d’accusations et la course aux armements.
Les frontières maroco-algériennes et la fermeture des portes de dialogue politique.
Sur le plan politique, la crise des frontières est à la fois une conséquence et une cause de la détérioration des relations diplomatiques et des liens politiques entre les régimes des deux pays. Malgré les multiples raisons avancées par les deux antagonistes pour justifier cette situation conflictuelle, il est évident aujourd’hui qu’il est impossible de dissocier la question des frontières de celle du Sahara. Tant que ce conflit des territoires du sud marocain est en cours, les relations diplomatiques et la normalisation des relations frontalières resteront suspendues.
Du point de vue des autorités marocaines, la clé de la crise des frontières est actuellement entre les mains des autorités algériennes. Le souverain marocain, les membres du gouvernement et les différents acteurs politiques et économiques du pays n’ont cessé d’appeler les autorités algériennes à procéder à l’ouverture des frontières pour le renforcement des liens bilatéraux. Tous ces acteurs voient cette fermeture comme une erreur politique aux conséquences économiques et sociales graves sur toute la région du Maghreb. S’adressant aux marocains lors du discours de la fête du trône, le roi Mohamed 6 estima qu’il y a une disproportion entre les questions conflictuelles entre les deux pays et la décision d’Alger de maintenir ses frontières fermées. « Quelque soit l’intensité du différend entre le Maroc et l’Algérie, cela ne justifie pas la fermeture des frontière toutes ces années. Cette situation étrange a atteint un seuil intolérable pour les citoyens marocains ». De son côté, le premier ministre marocain Benkirane a également réitéré à plusieurs reprises sa demande d’ouverture des frontières en soulignant que les différends politiques ne doivent pas empêcher les populations de circuler librement dans cette région.
Pour Alger, ces demandes répétitives du royaume ne sont pas accompagnées de véritables initiatives de rapprochement susceptible de participer au retour à la normalisation des relations politiques. Les autorités algériennes surveillent, avec beaucoup de suspicion, les travaux de construction de plus de 100 kilomètres de clôtures aux frontières du Maroc. Si ce dernier considère cette initiative comme une mesure de lutte contre le trafic et le terrorisme, l’Algérie l’interprète comme une offense à son égard qui ne fait qu’aggraver la rupture entre les deux pays. De surcroit, Alger accuse le royaume d’avoir saboter le processus de normalisation qui avait été engagé en 2012 en annulant la visite officielle de Ahmed Ouyahia la veille de sa tenue.
En Algérie, l’histoire coloniale vécue par le pays est encore présente dans le discours politique concernant le Sahara. Le gouvernement algérien ne se considère pas comme une partie au conflit puisqu’il ne revendique pas son droit au Sahara, mais estime qu’il est de son droit de soutenir le peuple du Sahara dans son combat pour l’indépendance. C’est dans cet esprit qu’Alger offre l’asile aux réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf et soutient financièrement et militairement le Front Polisario et la République Arabe Sahraoui Démocratique.
Avec cette prise de position dans un conflit sur les territoires revendiqués par le Maroc, la fermeture des frontières ne dépend plus de la réaction de Rabat à l’attentat de Marrakech mais plutôt de la question du Sahara. Elle fait désormais partie d’une question géopolitique, où la stratégie du gouvernement algérien consiste à mettre la pression sur Rabat pour renforcer sa position vis-à-vis du Sahara. Officiellement, Alger considère que la question des frontières entre dans le cadre de sa politique globale vis-à-vis du royaume. La résolution de cette question dépendra principalement des sacrifices que le royaume est prêt à faire dans le dossier du Sahara. Même si le porte parole du ministère des affaires étrangères ‘Ammar Blani parle des conditions de son pays pour ouvrir les frontières à savoir : l’arrêt des campagnes de diffamations contre l’Algérie dans les rencontres internationales, arrêt du trafic de drogue en direction de l’Algérie, c’est la reconnaissance du droit des sahraouis à l’indépendance qui, jugée excessives par le Maroc, se dresse devant toute éventualité de retour à la normale.
Pour Rabat, le Sahara, extension historique de son territoire, représente un enjeu géopolitique majeur et une question de sécurité nationale vitale qu’il essaye de gérer avec beaucoup de prudence. Son initiative de régionalisation avancée vise effectivement à contenir cette crise dans le cadre de la souveraineté marocaine : « Le Sahara sous contrôle marocain est en effet présenté comme le modèle de la politique de régionalisation avancée, en particulier pour le transfert des moyens et des pouvoirs du centre vers les régions, et en ce qui concerne les engagements de protection des droits de l’homme » (Bennafla, 2012). Pour pouvoir espérer un avancement dans ce dossier, le discours officiel marocain continue à dissocier la crise des frontières de celle du Sahara. Il est hors de question pour le royaume, et Alger le sait très bien, de sacrifier ses territoires du sud qui représentent une question de souveraineté et d’honneur national, pour l’ouvertures des frontières malgré tout ce que cette dernière pourrait lui procurer en termes de bénéfices économiques. De son côté, Alger est consciente qu’une éventuelle séparation entre les deux dossiers jouera certainement en faveur du Maroc et privera l’Algérie de sa seule carte de pression dans la crise du Sahara. La position algérienne consiste donc à mettre toutes les questions litigieuses sur la même table de négociations pour tirer le maximum de profit. Agissant ainsi, les autorités algériennes sont certaines qu’il y a peu de chance d’assister à une ouverture des frontières prochainement. C’est ce qu’a annoncé le ministre des Affaires Étrangères, Ramtane Lamamra : « Cette question n’est pas à l’ordre du jour ». Dans le même ordre d’idée, l’ancien ministre et le membre de l’instance de coordination et de suivi de l’opposition Abdelaziz Rahabi affirme que « nous ne sommes pas dans la meilleur phase des relations algéro-marocaines et rien n’indique qu’elles sont appelées s’améliorées à brève échéance ». (Abdelaziz Rahabi, 2016)
Sur le plan régional, la question des frontières entre le Maroc et l’Algérie représente le principal obstacle devant une Union du Maghreb Arabe effective et solide. La scission entre les deux pays affecte profondément toutes les dynamiques de la vie politique en Afrique du Nord. Pour faire face aux défis de la mondialisation, toutes les régions du monde s’engagent dans des politiques de blocs et d’union économiques et politiques en mettant l’accent sur ce qui les uni et non sur ce qui les sépare. À l’inverse de cette tendance mondiale, la région du Maghreb, et notamment ces deux pays en questions mettent plus l’accent sur le peu qui les sépare et continuent à subir les pertes économique de leurs chèques politiques sur cette question. Il n’y aura ni union politique au Maghreb ni épanouissement économique tant que l’ouverture des frontières, symbole de la confiance et du rapprochement, n’est pas encore effective et durable. L’inquiétude du Secrétaire général des Nations Unis Ban Ki Moon va dans le même sens. Il a affirmé dans un communiqué de presse en novembre 2015 à New York que « ce conflit doit prendre fin si l'on veut que les peuples de la région puissent relever les défis communs auxquels ils font face et réaliser leur plein potentiel ».
La crise des frontières, une crise politique aux conséquences économiques désastreuses
Les appels à l’ouverture des frontières, voire à la normalisation frontalière totale qui se multiplient du côté marocain pourraient s’expliquer par les nouvelles politiques économiques du Maroc qui visent à développer ses investissements étrangers. Du côté marocain, on insiste sur l’énorme chance de développement que peut entrainer la libre circulation des personnes, des marchandises et des capitaux entre les deux pays. Dans l’absence de revenus provenant des ressources pétrolières, l’économie marocaine compte énormément sur son secteur privé et sa capacité à développer des investissements non seulement à l’intérieur du pays mais également à l’étranger et notamment en destination de l’Afrique. Le Cameroun, la Côte d’ivoire, le Mali, le Sénégal sont aujourd’hui les destinations préférées des investisseurs marocains, surtout dans le domaine des services tels que : les télécommunications (Maroc Telecom), le secteur bancaire (BMCE), le transport aérien (Royal Air Maroc). Ainsi, selon l’Office des changes dans sa dernière note «Les investissements directs marocains en Afrique». Les investissements directs marocains en Afrique en 2013 s’établissent à 1,2 milliard de dirhams et représentent 44,1% du total des investissements directs marocains à l’étranger. En 2012, ces investissements s’élèvent à 1,7 MMDH contre 0,9 MMDH en 2011 en hausse de 88,9%. Au cours des cinq dernières années (2009 à 2013), les entreprises marocaines ont investi dans ces pays plus de 11,35 milliards de dirhams sur un volume total de 16,28 milliards d’IDE.
Avec une politique économique dirigée vers les pays du voisinage, le Maroc est aujourd’hui conscient que la libération des échanges transfrontaliers en direction des marchés voisins et le développement de la compétitivité des investisseurs sont deux conditions vitales pour l’épanouissement de son économie nationale. C’est dans cette perspective qu’interviennent les multiples tentatives de résolution de la crise de la frontière avec le voisin algérien. Cette éventualité suscite les craintes d’Alger qui, en raison des revenus d’hydrocarbure, a mis du retard à développer la compétitivité économique de son secteur privé. L’exemple de l’industrie automobile au Maroc est évident, le constructeur automobile français Renaud installé à Tanger est capable, en cas de normalisation frontalière, de répondre aux besoins du marché algérien en matière d’automobile. Le développement du tourisme est également un point fort que le royaume veut exploiter en cas d’ouverture des frontières. « La réouverture des frontières aidera l’Est du Maroc dans une période où le tourisme maghrébin s’essouffle et où l’Algérie a un besoin pressant de main d’ouvre dans tous les secteurs » (Abdelaziz Rahabi, 2016) a souligné Abdelaziz Rahabi. Il est vraisemblable que le Maroc, dont l’économie et la main-d’oeuvre sont plus compétitives et diversifiées que celles de l’Algérie, tirerait de la réouverture des frontières des dividendes supérieurs à ceux de son voisin. C’est, pour une large part, ce sentiment de faire au Maroc un cadeau sans contrepartie qui explique que le président Bouteflika n’ait jamais répondu aux appels à la réouverture réitérés ces dernières années par Mohammed VI. (François Soudan 2013).
En plus des ces retombées économiques et financières, le choix d’investissement en Afrique a aussi des visées politiques. Tous les pays africains vers lesquels se dirigent les capitaux marocains développent nécessairement des relations politiques et diplomatiques avancées avec le royaume. Le Maroc compte sur cette stratégie économique pour renforcer sa position politique vis-à-vis de la question du Sahara à l’intérieur de l’Union Africaine.
Une chose est sûre, l’absence d’activités économiques entre les deux pays est une véritable perte à tous les niveaux. Selon la Banque Mondiale, le manque à gagner représenterait 2 points de PIB, soit 2 milliards de dollars chaque année pour chacun des pays. Ce qui pourrait se traduire, sur le plan social par la création de plus de 60 000 emplois par an et par pays. Cependant, sur vingt ans de crise, la perte économique des deux pays est supérieure à la moitié d’un PIB annuel (Belkhoudja, 2015). En effet, les échanges commerciaux intra-régionaux demeurent toujours aussi faibles, environ 2,5 % des 105,7 milliards d’euros des échanges globaux des pays membres de l’UMA.
Le conflit frontalier et les souffrances des familles de la région
Sur le terrain, cette crise des frontières n’a pas seulement mis fin aux échanges économiques et culturels entre les deux pays, mais elle a également renforcé toute sorte de trafics illicites : drogue, vente illégale de carburant et de produits alimentaires subventionnés par l’État, passage illégal des personnes, etc. Depuis 1994, ce sont les passeurs illégaux de familles, les contrebandiers et les trafiquants de drogue qui profitent de la situation. Avant la fermeture des frontières, toute la région frontalière des deux côtés connaissait un épanouissement économique et culturel en raison des échanges de marchandises et des personnes. Les secteurs du tourisme, de transport, de restauration, et toute sorte de commerce profitaient de la normalisation des relations entre les deux voisins. Maintenant, tous ces secteurs soufrent de l’isolation et cèdent la place au trafic du cannabis du Maroc vers l’Algérie et de l’essence (quatre à six fois moins cher en Algérie) et de certains produits subventionnés par l’État de l’Algérie vers le Maroc.
Ainsi, le drame de la fermeture des frontières ne concerne pas seulement les familles mixtes séparées depuis plus de vingt ans, mais touche également toute la population de la région. Cette dernière entretenaient, depuis plusieurs siècles, des relations sociales, culturelles et économiques très étroites. Les familles mixtes sont très nombreuses dans cette région et ne voyaient dans les frontières qu’une invention coloniale tout à fait étrangère à la culture et à l’histoire de la région. Ne partageant pas la rigidité des positions politiques de leurs gouvernements respectifs, les familles mixtes des deux côtés de la frontière tentent de briser ce blocage par des procédés illégaux. Les familles mixtes estiment que cette crise les affecte directement et les empêche de vivre en famille comme elles l’ont toujours fait. Pour atténuer cette souffrance, elles prennent le risque de traverser les frontières de façon irrégulière en payant des passeurs illégaux. Le prix de passage établi par ces nouveaux maîtres des frontières est de 16 à 20 euro par personne. Ils aident les passagers à traverser, soit en payant les officiers aux frontières soit en empruntant des chemins clandestins et dangereux pour échapper aux contrôles des deux côtés. Cette situation qui pénalise doublement les familles aux frontières, profite évidemment aux réseaux d’immigration clandestine, de trafic de drogue et de contrebande. Même si la voie aérienne est encore ouverte entre les deux pays, les familles séparées sont obligées de payer très cher pour voir leurs proches qui se trouvent à quelques kilomètres de chez elles.
Pour les familles mixtes qui veulent se rencontrer sans prendre le risque de traverser de manière clandestine ni payer un billet d’avion pour faire un très long détour, elles se donnent rendez-vous sur les routes situées aux frontières pour se voir de loin et échanger quelques mots. Ces rencontres ont lieu quotidiennement et reflètent la nature antinomique de la crise. Alors que la plus part des pays qui cherchent à relever les défis économiques et culturels de notre époque ouvrent leurs frontières pour développer leurs économies et ouvrent des espaces de rencontres entre les populations, ces deux antagonistes imposent à leurs populations et à leurs économies une scission périlleuse.
À ces familles frontalières s’ajoutent plusieurs milliers de Marocains restés en Algérie après la crise des terres agricoles de 1973 entre Rabat et Alger. Ces familles, qui avaient l’habitude de rentrer au Maroc au moins une fois par an pour visiter leurs proches, vivent elles aussi cette crise aujourd’hui comme un drame. Depuis plus de vingt ans, les liens avec leurs familles de l’autre côté des frontières sont pratiquement coupés.
Conclusion
La principale leçon que cette crise des frontières entre le Maroc et l’Algérie peut nous enseigner c’est que le partage de plusieurs éléments identitaires comme la religion, la langue et la culture ne garantit pas aux pays l’unité, si les volontés politiques de leurs gouvernements ne le décident pas. Malheureusement dans ce cas de figure, il y a très peu de chance d’assister à un rétablissement dans les relations entre les deux pays les plus importants de l’Union du Maghreb Arabe. Ni les exigences économiques, ni les besoins humanitaires des populations n’ont pu faire fléchir les positions politiques des deux gouvernements. À tout ce gâchis qui affaiblit le processus de développement et qui paralyse l’accomplissement d’un Maghreb Arabe fort et épanoui, s’ajoutent des dépenses militaires considérables visant à maintenir l’équilibre des forces dans la région. Contrairement aux attentes et aux espoirs des populations, cette course aux armements est un signe de plus de l’absence de perspectives de réconciliation dans le futur.
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